Le corps et l'ennéagramme des processus

Qu'est-ce réellement que le corps ? L'instrument de notre évolution.

 

Depuis de nombreuses années je mène des recherches pour comprendre ce qu'est l'esprit humain et en particulier la conscience. J'ai été élève de L'ENS Ulm dans cet objectif, comme scientifique, mais lorsque j'ai réalisé que l'esprit et la conscience ne pouvaient pas s'appréhender dans une compréhension matérialiste et dualiste, j'ai changé de voie pour m'intéresser à diverses spiritualités et je suis devenu thérapeute, spécialiste des liens corps-esprit.

Ma pratique et mes recherches permanentes m'ont amené à mettre de côté toute trace de possibilité de séparation corps-esprit.

Guérir et non plus seulement soigner nécessite un changement d'attitude radical vis-à-vis du corps : on ne doit plus le considérer comme un substrat mécanique, mais bien comme une intelligence active avec laquelle on peut dialoguer. Ma formation d'ostéopathe énergéticien m'avait préparé à cela : j'ai été habitué à toucher le corps comme un réseau d'information, comme un support fluide répondant instantanément à l'intention de celui qui entre en contact avec lui.

J'ai vite compris que les symptômes n'étaient que la conséquence lointaine de dysfonctionnement plus profonds.

Mais lesquels ?

... peu à peu, j'ai posé comme central que le corps est ce que l'on nomme un Athanor : un laboratoire alchimique.

Je crois profondément que nous ne nous incarnons pas pour rien. Nous ne venons pas pour que notre corps vive limité, malade et meure usé, ne nous laissant que l'amertume d'une expérience pauvre. Je suis convaincu que nous venons sur Terre pour accomplir un processus.

Nous venons sur Terre pour évoluer, pour alchimiser notre être, et nous avons besoin d'un instrument. Cet instrument c'est notre corps. En réalité, sans entrer dans les détails ici, je considère que ce corps est plus qu'un instrument : il est une des trois parties de notre être, celle qui a pour fonction d'accomplir le grand œuvre.

Le corps se réfère à notre contact avec le champ de la manifestation. Il est réservoir de force vitale. C'est notre dragon, le dragon des légendes qui se joue des formes, maître des éléments.

Il est notre cheval, notre monture pour transmuter, pour grandir. Il possède un fonctionnement qui lui est propre, et qui est unique à chaque individu, car personne ne possède le même axe de vie.

 

Je base aujourd'hui toutes mes recherches sur cette pierre fondatrice.

Je considère donc que le corps de chacun, dans sa structure, dans son fonctionnement libre, porte la marque de notre identité profonde, de notre essence.

Je suis convaincu qu'avec une écoute et une lecture adéquate, tout corps peut révéler, offrir le chant de l'essence qu'il porte et sert.

Au fil de ma pratique, je me suis convaincu que le corps et le subconscient étaient une seule et même chose. Tout dysfonctionnement dans le corps traduit alors forcément un dysfonctionnement du corps-athanor, et réciproquement.

Ceci répond à la question posée plus haut : de quels dysfonctionnements les symptômes sont-ils la conséquence ? Ils sont la conséquence de dysfonctionnements dans le psychisme. Ces dysfonctionnements, puisqu'ils ne relèvent pas de la conscience de la personne mais de modes automatisés, stéréotypés, répétitifs, sont donc inscrits dans le subconscient.

Ils sont inscrits et actifs dans le corps.

 

Autrement dit : les carapaces psychiques, ou personnalités sont inscrites dans le corps comme des déviations de son fonctionnement libre et entier.

Une personnalité est donc littéralement un mode de fonctionnement « mécanisé » du corps-athanor.

Restait sur ces convictions à trouver un modèle permettant à la fois de décrire la structure alchimique du corps et de la mettre en lien avec une typologie bien référencée du psychisme et des personnalités. J'ai trouvé un tel modèle dans une certaine vision de l'ennéagramme.

 

 

Qu'est-ce que l'ennéagramme ?

 

L'ennéagramme des personnalités

 

L'ennéagramme est aujourd'hui surtout connu comme un système dynamique de description du psychisme humain, ou plus exactement des personnalités. Quelle différence fait-on entre psychisme et personnalité ? Le psychisme est l'ensemble des activités psychique de l'être humain, système a priori non limité et en tout cas constitué pour fonctionner à son plein potentiel, chaque aspect du psychisme devant remplir sa fonction au mieux dans l'équilibre avec les autres. Une personnalité au contraire correspond à une cristallisation du psychisme, il s'agit d'une carapace, d'un masque. Il semblerait que l'immense majorité des humains développent très tôt une telle carapace. Celle-ci se constitue certainement comme une protection pour faire face à des situations dangereuses ou considérées comme telles par les mécanismes de survie de l'individu. Sa mise en place est souvent très précoce et les raisons de sa mise en place comme son mode de fonctionnement restent inconscients pour l'individu lui-même à moins d'un sérieux travail sur lui-même, et ce pour la bonne raison que la personnalité est une protection pour éviter de vivre des situations qui n'ont pas pu être gérées à un certain moment.

L'ennéagramme décrit 9 types psychiques tous construits sur un type de fuite fondamental, et qui vont pouvoir s'exprimer sous différents angles selon les situations. Ces 9 types et leurs interactions sont schématisées par la figure suivante :

 

 

 

Ce système dépasse de beaucoup la plupart des autres typologies des personnalités parce qu'il ne se contente pas de fournir un inventaire :

  • tout d'abord, il intègre la notion de cause (l'évitement fondamental) sous-jacente aux types.

  • il permet de décrire une variété de manifestation de chaque type suivant les situations.

  • Il donne un modèle de relation entre les types psychismes qui permet de prédire de façon remarquable à la fois les possibilités d'évolution des relations entre individus, mais également l'évolution du comportement de telle ou telle personne dans des situations bien précises.

La forte valeur prédictive de l'ennéagramme en fait un outil de choix à la fois en thérapie et en coaching.

Cette réelle surprenante cohérence entre un modèle et la réalité est toujours le signe que le modèle se réfère à des mécanismes fondés que l'on doit pouvoir énumérer sous forme de lois.

 

 

Aux sources de l'ennéagramme, l'ennéagramme des processus

 

Les sources de l'ennéagramme sont controversées, mais une chose est certaine, c'est que les premiers écrits sur ce sujets viennent d'enseignements donnés par G. Gurdjieff au début du 20° siècle (1), et décrivent le symbole de l'ennéagramme comme un descriptif synthétique des lois universelles. Pour Gurdjieff, une profonde compréhension de ce symbole permettait en l'appliquant correctement de percer les mystères de n'importe quel phénomène. Association de deux lois fondamentales, la loi de 3 et la loi de 7, ce cercle à 9 points est pour Gurdjieff un symbole alchimique : il décrit comment faire passer un système quel qu'il soit d'un état initial (une unité de départ) à un autre état (une unité d'arrivée) qui lui soit qualitativement supérieure. En d'autres termes, l'ennéagramme donne les mécanismes par lesquels une évolution est possible et stipule que le non respect d'un de ces mécanismes empêche complètement de modifier en substance l'état initial. Dans cette perspective, l'ennéagramme est un système dynamique, qui décrit de manière quasi cybernétique les clefs d'évolution. Il est à a fois pragmatique et spirituel.

Bien évidemment, comme il s'applique potentiellement à tout, il s'applique au psychisme humain.

Dans cette perspective, les types psychiques de l'ennéagramme décrivent des modes adaptatif au non accomplissement d'une étape du processus de réalisation de soi.

L'explication du fonctionnement de l'ennégramme des processus comme de son lien à l'ennéagramme des personnalités est remarquablement bien expliqué par JP Vidal dans son ouvrage sur le sujet (2). (voir son site ici)

Il existe donc bien un système de « lois » à la base de l'ennéagramme.

De plus ces lois sont des lois de processus, permettant donc de rendre compte de la fonction alchimique du corps, et remplissent complètement les fonctions que j'attendais pour avancer dans une autre description du corps que les symboliques habituellement proposées.

 

Corps et ennéagramme : applications et perspectives

 

Je mène une recherche active, en lien avec ma pratique de thérapie manuelle psycho-corporelle Atanakor et une pratique corporelle de mouvement naturel, pour exploiter au maximum ce réservoir de compréhension immense qu'est l'ennéagramme des processus afin de comprendre le fonctionnement alchimique du corps et comment les personnalités émergent des déviations de ce fonctionnement.

Les recherches en cours se basent sur la notion des trois centres corporels déjà énoncée par Gurdjieff et présente dans les typologies des personnalités, et en explorent les ramification, tant pour décrire le fonctionnement interne de chaque centre, que leurs influences mutuelles et les influences externes qu'ils subissent.

L'un des objectifs majeur est de proposer une autre symbolique des zones corporelles, comme du fonctionnement des différents composants du corps. Les symboliques actuellement disponibles sont soit purement intuitives (extraction du sens par comparaison des formes comme dans la théorie des signatures, soit par extrapolation de la fonction physiologique de tel ou tel organe...) soit basées sur des systèmes ésotériques dont l'origine et la logique ne sont pas explicitées (symbolique du corps humain de Mme de Souzenelle basée sur l'arbre séphirotique, symbolique des zones du corps basée sur les huit merveilleux vaisseaux de Mr Pialoux...). Dans aucun cas, elles n'intègrent clairement la fonction d'évolution du corps.

Appréhender le corps comme un processus d'évolution que l'on peut caractériser avec le modèle de l'ennéagramme ouvre donc de nombreuses perspectives : il devient enfin possible de formuler une symbolique à la fois fonctionnelle, pragmatique et sacrée. Les principes énoncés par l'ennéagramme des processus ne sont pas à proprement parler ésotériques : ils sont surtout cybernétiques, mais d'une manière qui inclut des dimensions totalement absentes des approches matérialistes. Il s'agit d'une technologie du sacré.

En effet, chaque centre corporel devient relié à un principe fonctionnel qui est lui même relié à une dimension transcendantale de l'humain. Chaque centre accomplit une tâche bien définie dans le champ de la manifestation physique, mais est également l'image d'un plan particulier de l'être avec lequel il entretient des relations privilégiées.

Un aperçu de cette description est donnée dans le schéma ci-dessous.

 

 

 

J'explore ce schéma de base en particulier pour comprendre la constitution interne de chaque centre, afin de nommer les zones corporelles et les sous-zones corporelles qui sont reliées à telle ou telle étape de processus et de pouvoir ainsi en donner la fonction. Comprendre chaque centre, c'est aussi expliciter quelles interactions il entretient avec l'extérieur : les autres centres, les influences externes à la personne. De ce point de vue-là, l'ennéagramme s'avère encore être un outil puissant.

 

A travers ce nouveau système descriptif l'enjeu principal est de pouvoir « lire » directement dans le corps les déséquilibres psychique à l'origine des symptômes. Pour ce faire, il est nécessaire de développer la capacité de ressenti de la vitalité corporelle (que chacun peut apprendre) qui permet d'entrer en relation consciente avec le corps. Un ressenti fin associé à une bonne interrogation permet de comprendre de manière intime l'architecture des déséquilibres, et de pouvoir nommer à la fois les types psychiques ancrés dans le corps, mais aussi les réservoirs de force latente masqués par ces « subpersonnalités ».

On peut même aller plus loin pour comprendre les modes d'interaction réels établis par la personne avec son environnement et qui sont soutenus par ces subpersonnalités, ainsi que leur origine. Lorsque l'on comprend l'architecture psychique inscrite dans le corps, le sens des symptômes apparaît aussi plus clairement, comme une limite du mode de fonctionnement de telle ou telle subpersonnalité.

Cette approche que j'exerce et enseigne (la technique de soins Atanakor) permet de faire des liens corps-esprit fulgurants, qui ne découlent pas d'observations-déductions, mais d'une mise en lumière de ce qui est là. Par le contact conscient, cette mise en lumière peut provoquer de profondes détentes dans les cristallisations corporelles et permettre le retour à un fonctionnement libre, c'est-à-dire au rétablissement de la fonction alchimique du corps.

Nous savons tous par notre propre vécu comme par l'existence de nombreux cas cliniques extrêmes, que si l'on porte en général une personnalité dominante, nous en avons plusieurs, qui s'activent selon les situations.

La thérapeutique que je propose sur la base de cette palpation et de cette compréhension du corps permet de comprendre dans l'instant ce qui est la cause du problème que le patient vient présenter et d'agir dessus sans forcément parler. Elle prend la personne dans ce qu'elle présente sans l'enfermer dans un type psychique, tout en lui fournissant des solutions.

 

En conclusion...

 

Il existe encore aujourd'hui peu de systèmes qui permettent de faire des liens corps esprits clairs et qui intègrent la dimension évolutive de l'être humain. Les recherches que j'ai entamé sur la base de l'ennéagramme des processus ouvrent la porte à une meilleure compréhension du psychisme et de ses ancrages en personnalités. J'entrevois dans l'explicitation de la structure fine de ce corps-athanor un chemin pour redonner du sens aux sous-aspects des types psychiques largement décrits dans la littérature ennéagramme, et leur donner un substrat concret.

Les applications, en dehors de la technique de soins Atanakor que j'ai créée, me paraissent immenses : elles touchent toutes les branches de la médecine et en particulier les approches naturelles qui se veulent non symptômatiques, mais également, l'hygiène vitale, le mouvement, la psychologie, et évidemment la spiritualité.

Les recherches continuent...

 

 

Nicolas Bernard

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